Megara écouta attentivement l'armurier. Il semblait bien connaître son affaire et la jeune fille était plutôt encline à le croire. Un triste sourire se posa sur sa bouche pâlit par la fatigue. Ses yeux brillèrent une brève seconde, mais s'éteignirent comme s'ils n'avaient plus la force pour demeurer ainsi éclairés. Megara hocha doucement la tête et porta la main à sa bourse quand elle entendit l'homme souffler quelque chose. Ses yeux noirs comme de l'encre se posèrent sur lui et elle demande avec spontanéité, d'une voix où perçait l'innocence d'une enfance achevée trop rapidement :
- Qu'est-ce qui est incroyable?
Elle se sentit immédiatement idiote d'avoir posé la question. Ce n'était ni raisonnable, ni digne de son rang d'être aussi curieuse. Megara fit donc semblant qu'elle n'avait rien dit et plongea son regard dans sa bourse. Elle fronça les sourcils en y découvrant moins d'argent qu'elle croyait. Un petit bout de parchemin y était posé. Elle le prit non sans redouter quelque chose et li le message.
"J'ai t'ai emprunté quelques pièces d'or."
L'écriture lui était familière. Celle d'Edérick, son époux. Megara se mordit la lèvre inférieur, retenant ses larmes comme toujours. Elle était passée maître dans cet art de contrôler les manifestations de sa peine.
- Oh... fit-elle en sentant sa gorge se serrer. Je vais devoir revenir un autre jour, dirait-on. J'ai oublié que j'ai acheté des... chaussures tout à l'heure. Pardonnez-moi pour ce contre-temps.
Megara réussit à faire un sourire plus ou moins réaliste avant de resserrer les cordons de sa bourse.
- Je reviendrai, fit-elle en haussant les épaules.
La jeune fille effleura la bague à son annulaire. Ce bijou lui pesait plus que n'importe lequel. Il représentait tous ses espoirs réduis à néant, sa vie fuyant au loin, un destin dont elle n'était plus maître.