Drako gémit, se retourna, puis ouvrit les yeux avec difficulté.
Regardez, il se réveille ! chuchota quelqu'un.
Drako se redressa. Il ne sentait presque plus sa côte cassée, et la peau de son épaule avait été recousue. Il n'en souffrait presque plus et ne sentait qu'un léger tiraillement, mais sa tête le lançait, et ses oreilles bourdonnaient.
Il regarda autour de lui. Il avait été couché dans une petite chambre. Les murs semblaient être en torchis. Deux personnes, assises à son chevet, ouvraient de grands yeux.
Où suis-je ? demanda le Voleur.
Vous vous trouvez dans le modeste village de Narvaak. Je vous veille depuis deux semaines. Grâce à Anathor, vous avez survécu ! lui dit l'un des deux hommes, qui portait une longue robe d'un blanc éclatant.
Ah, un Prêtre d'Anathor. J'ai eu de la chance... Sans lui, je serais mort.
Drako sourit au Prêtre. Pour la première fois de sa vie, il éprouvait de la reconnaissance.
Mon nom est Drako. Je vous dois la vie, et je vous suis reconnaissant pour tout ce que vous avez fait pour moi.
Ce n'est rien, mon enfant. C'est à Anathor que vous devez votre survie. Je ne suis que son serviteur, Vardis.
Eh bien, merci à Anathor. Mais dites-moi, que s'est-il passé ? Je me souviens... J'étais poursuivi par sept félins, quand je me suis évanoui.
Le deuxième homme, qui était certainement le fermier propriétaire de cette maison, prit la parole:
J'étais en fait de garde à l'entrée du village, avec cinq autres hommes, et quand nous vous avons vu, poursuivi par les félins, nous avons couru à votre rescousse. Nous en avons tué trois, et les autres se sont enfuis. Nous vous avons ensuite installé ici, dans ma ferme, et avons fait appel au Prêtre Vardis, pour s'occuper de vos blessures.
Drako hocha la tête puis dit:
Je vous remercie infiniment pour toute cette aide, mes amis, mais je dois reprendre la route. Des affaires m'appellent dans... Euh, les Montagnes d'Haetern, mentit-il. En réalité, sa destination était Arenyon. Dans une telle ville, il n'aurait aucun mal à exercer ses occupations.
Vous ne pouvez pas repartir tout de suite, mon ami. Vos blessures ne sont pas tout à fait guéries, et vous ne survivrez pas à ce périple dans de telles conditions.
Écoutez, je ne peux me permettre de rester ici. Ces deux semaines m'ont déjà fait prendre du retard. Je dois partir au plus vite.
Drako bondit hors de son lit et se rendit compte qu'on l'avait déshabillé. Il récupéra puis enfila ses vêtements, qui étaient pliés au pied de son lit. Ils avaient été recousus.
Puisque vous refusez de rester, acceptez au moins de l'eau et de la nourriture, dit le fermier en sortant de la chambre et en se dirigeant vers une autre pièce qui devait être la cuisine. Suivez-moi !
Drako s'exécuta, imité par Vardis. Le fermier fouilla un instant dans un garde-manger, avant de tendre au Voleur une outre d'eau et de la viande séchée.
Merci, mon ami. Je ne vous oublierai pas.
Il allait définitivement quitter la maison lorsqu'il se ravisa: il se retourna, retira sa botte droite, puis tira sur le talon qui se décrocha. Il choisit deux rubis dans sa petite cachette, et tendit le premier au Prêtre.
Voici, Vardis, pour tous les soins que vous m'avez administré, et pour la bonté dont vous avez fait preuve.
Il se tourna vers le fermier et lui tendit le deuxième rubis.
Voici, mon ami, pour le courage, la gentillesse, et l'hospitalité dont vous avez témoigné.
Puis, avant que les deux hommes n'aient pu le remercier, il ferma la porte de la ferme derrière lui et reprit la route en silence, sans un regard en arrière.