Drako avisa la titanesque cité d'Aderoïc qu'il ne voyait pas plus grande qu'un château de cartes, de l'endroit où il se trouvait. Plus que deux heures de marche, si on comptait le détour qu'il souhaitait effectuer, afin d'éviter la porte principale. Il voulait pénétrer discrètement dans la capitale de l'Empire.
L'homme pressa le pas. Ses longs cheveux bruns ondulaient au gré du vent. Il caressa le manche de l'une de ses dagues, et un éclat malsain naquit aussitôt dans ses yeux verts. Il était mince, mais des mâchoires d'acier étaient visibles sous sa peau.
Malgré sa petite taille, il progressait vite. Bientôt, il commença son escalade de la muraille, à l'abri du regard des gardes.
La muraille était très haute. L'ascencion fut compliquée.
S'agrippant à chacune des prises qu'il trouvait, n'échappant parfois à la chute que grâce à deux doigts et la pointe d'un pied, il commença peu sûr de lui, puis peu à peu, prit de l'assurance.
Après tout, il s'était entraîné durant toute sa vie à l'escalade, aux acrobaties les plus complexes, et à toute sorte de combats. Ce n'étaient certainement pas une simple muraille et une poignée de gardes qui allaient l'arrêter.
Plus jeune, il avait été abandonné par ses parents qui ne pouvaient plus le nourrir. Très vite, il avait été repéré par un groupe d'enfants dans le même cas que lui, qui volaient pour assurer leur survie, et se logeaient dans des maisons délabrées et abandonnées, ou bien dans des entrepôts. C'est dans leurs rangs qu'il avait tué pour la première fois, par nécessité : il avait ainsi évité à toute sa bande d'aller en prison. Mais, peu à peu, volant et tuant, il avait pris goût à ces actes, et était devenu ce qu'il était aujourd'hui : un bandit... Un bandit particulièrement doué dans son art. Il maniait l'épée courte et lançait la dague mieux que personne.
Enfin, Drako agrippa un créneau et se hissa avec difficulté sur le sol. Il s'écroula. Ses jambes ne le portaient plus, il était exténué.
Soudain, il aperçut à quelques pas de lui un garde.
Le tuer avant de se faire repérer, pensa-t-il.
Il l'approcha doucement et silencieusement. Il se trouvait juste derrière le garde lorsque celui-ci se retourna. Il s'apprêta à crier pour signaler une présence, mais les réflexes et la vitesse de l'Assassin l'emportèrent : il plaqua aussitôt sa main sur la bouche du garde, puis lui tordit la nuque.
Mort sans avoir eu l'occasion de se défendre. Je n'aimerais pas m'avoir en face de moi, pensa le tueur en souriant.
Il souleva l'armure du milicien. Celle-ci grinça. Drako prit peur, mais aucun des autres gardes ne se retourna.
Le bandit trouva bien vite ce qu'il cherchait : il décrocha une bourse de cuir de la ceinture du cadavre, avant de le jeter par-dessus la muraille, à l'extérieur de la cité.
Après cela, Drako put enfin quitter le chemin de ronde pour plonger dans la cité effervescente d'Aderoïc.