Yaemgo

Un bruit de pas.
Un homme qui s'avançait.
Ses longs cheveux d'une couleur violette volaient dans le vent, accompagnant à merveille la même couleur, bien plus foncée, de ses yeux.
Il avançait vers la ville d'Aderoïc, lentement. Les portes se rapprochaient.

-Qui êtes-vous?

L'homme ricana. Il claqua des doigts. Les gardes fut figé d'effroi. Et figé tout court. En effet, ils étaient pris dans un grand bloc de glace.

-Pas mal, pour un simple mortel... Ksh ksh ksh...

Une voix venant de nulle part.

-Je ne t'ai rien demandé, Lindörm! pensa l'homme
-Allons, allons, Yaemgo... Tu devrais t'être habitué, depuis le temps! continua la voix

L'homme soupira. Cela faisait longtemps qu'ilétait persécuté par Lindörm. Il s'en souvenait comme si c'était hier...

***

L'homme était plus jeune d'une bonne quizaine d'années. Celui-ci n'arrivait pas à se souvenir comment il en était arrivé là. Il gardait juste en mémoire ce jour où il s'était réveillé, comme si il venait de naître. Il sentit alors une présence étrangère... Il regardait autour de lui, et ne vit personne...

-Je me demande si j'ai bien fait de choisir un abruti pareil... chuchota une voix
-Hein? Qui a parlé?

Il parcourut des yeux l'endroit où il se trouvait. Une forêt profonde, apparemment.

-Qui êtes-vous? répéta-t-il
-Qui je suis? Ksh ksh ksh ksh...
-Répondez! Si vous croyez m'intimider!
-Pitoyable... Absolument pitoyable... Sache, jeune sot, que je suis Lindörm
-Cela ne m'avance pas beaucoup!
-Je le savais, je n'aurai pas dû le choisir... Pour résumer, disons que je suis toi.

Les yeux de Yaemgo s'agrandirent.

-C'est impossible! Je suis moi, et c'est tout!
-Tu me sous-estimes, sombre abruti! Sache que je peux te détruire de l'intérieur d'un simple claquement de doigts... Comme celui-ci!

Yaemgo entendit un "clac!" et soudain un flamme apparut en lui. Ce feu le rongeait de l'intérieur. Il fut projeté à terre par la douleur. La vague de douleur s'atténua lentement.

-Hé hé hé... Tu vois que je suis tout-puissant...

Le garçon n'était pas sûr de comprendre, mais il était sûr que cette "chose" était bien trop forte pour lui...et bien trop dangereuse.

***

Enfin! Cela faisait des années, et il avait fini par s'habituer à la présence dans son esprit et dans son corps de cette présence, qui l'infestait au point de prendre parfois le contrôle de ses mouvements et de ses pensées.
Lindörm se montrait machiavélique, ténébreux et, il faut bien le dire, un peu sadique?

- Ne bougez plus ! Je vais être obligé d'appeller du renfort !

Yaemgo regarda d'un oeil étonné les gardes qui restaient. La moitié observait avec des yeux ronds leur camarades pris dans un bloc de glace, et l'autre avait dégainé leurs hallebardes et les pointaient sur lui. Le jeune homme pencha légèrement la tête sur le côté.

- Je crains que ce ne soit impossible, nobles gardes, lança-t-il.
- Et pourquoi ?
- Parce que je n'existe pas, vous ne m'avez jamais vu !

Et il disparut au moment où le garde sortait de son bloc de glace. Enfin, disparaître était un bien grand mot : il s'était fondu dans un souffle d'air et passait allégrement au-dessus des gardes, invisible et silencieux. Ceux-ci n'avait toujours pas compris ce qu'il leur était arrivé quand Yaemgo se rematérialisa dans une ruelle proche.